mardi 26 novembre 2013

Djemila Benhabib ou…

… voir plus loin que le bout de son nez.
Dans un texte paru le 21 novembre dans le Devoir, dans la rubrique « Idées et libre opinion », une professeure de philosophie, madame Yara El-Ghadban déplore la trop grande importance accordée par les journalistes à Fatima Houda-Pepin et Djemila Benhabib, deux personnes qui opineraient sur la Charte de la laïcité, relativement au port de signes religieux, sans véritable savoir sur la réalité des femmes musulmanes du Québec, puisqu’elles n’auraient aucune expérience de terrain. Position pour le moins étonnante venant de quelqu’une dont la discipline est précisément de réfléchir sur le monde et de l’interpréter  à partir de concepts abstraits pour en dégager des principes généraux.
Comme je ne connais réellement ni la pensée ni le parcours de madame Houda-Pepin, je m’en tiendrai ici à la réfutation des propos de la professeure sur la pertinence et la qualité des interventions de madame Benhanib dont j’ai lu tous les livres et autres écrits, dont j’ai entendu plusieurs des discours tenus sur diverses tribunes et pendant la campagne électorale de 2012, lors de laquelle elle était la candidate du Parti québécois dans Trois-Rivières.
Madame El-Ghadban écrit : « Faut-il souligner que Benhabib ne cherche ses exemples que dans d’autres pays que le Québec ? Il y a bien une raison à cela : soit la réalité dont elle parle n’est pas tout à fait celle qu’elle représente, soit elle ne connaît tout simplement pas cette réalité et donc ne pourrait pas en chercher des exemples. »
Ce que ne comprend pas – ou fait mine de ne pas comprendre –  la professeure de philosophie, c’est précisément  que l’expérience de Djemila Benhabib l’amène, en vraie penseuse, à voir plus loin que le bout de son nez la menace réelle que constitue, au Québec comme ailleurs dans le monde,  l’implantation de l’idéologie et de l’action des intégristes musulmans.
L’expérience de Djemila Benhabib est urgence. Une conscience aigue de la nécessité de s’opposer dès le premier signe de son apparition à la mécanique de destruction des bases de la civilisation moderne. S’opposer au voilement des femmes qui fait de celles-ci des alliées de l’intégrisme, en tant qu’elles sont internes à la mécanique parce qu’elles ne peuvent en démasquer le fonctionnement, ne peuvent même pas le vouloir, est la voie obligée, empruntée par Djemila Benhabib. Une vraie philosophe sans le titre, ne serait-ce que celui de professeure de cette discipline. Une Québécoise si tragiquement soucieuse de l’avenir de la nation québécoise qu’elle en perçoit jusqu’à la moindre ombre toute entrave à sa marche vers la liberté.
Andrée Ferretti

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