samedi 16 novembre 2013

Trahison...


Canada - Arabie saoudite : Deux exemples de situations qui rendent inappropriée la participation du Dr. Philippe Couillard à la surveillance du SCRS
on 23 Novembre 2011. Posted in Articles par Point de Bascule


Cet article fait suite à la publication récente par le National Post d’un papier de Kathryn Blaze Carlson qui rapportait le double-emploi de l’ancien ministre québécois Philippe Couillard, d’abord comme membre du comité fédéral responsable de superviser les activités d’espionnage du SCRS, puis comme conseiller du gouvernement de l’Arabie saoudite. Point de Bascule a traduit les principaux éléments de l’article du Post dans un article précédent.

Kathryn Blaze Carlson (National Post) : Watching the spywatchers (Surveiller ceux qui surveillent les espions)

Point de Bascule : Philippe Couillard : conseiller de l’Arabie saoudite et membre du comité de surveillance du SCRS

Les organismes canadiens qui embauchent les personnes qui veilleront à la sécurité du Canada dans quelque rôle que ce soit ont la responsabilité de tout faire pour s’assurer que les candidats qu’ils interviewent ne soient pas sous influence étrangère et qu’ils ne le deviendront pas dans le futur.

Citant des analystes qui œuvrent dans le domaine du renseignement au Canada, la journaliste du National Post avait conclu son article en déclarant qu’en ces matières, «les enjeux sont si élevés que la seule apparence d’irrégularité (ou la possibilité accrue qu’elle survienne) est intolérable».

Si cette règle doit s’appliquer aux petits pays sans moyens, que dire quand il s’agit de pays aux moyens considérables et aux intérêts diversifiés comme l’Arabie saoudite.

Dans les années récentes, les intérêts du Canada et de l’Arabie saoudite ont été aux antipodes dans au moins deux dossiers cruciaux pour la sécurité du Canada :
Le financement et la promotion de l’islam radical;
L’approvisionnement des États-Unis en pétrole.

Il est vraisemblable que, dans les deux dossiers, le SCRS se soit intéressé et s’intéresse au rôle joué par des agents de l’Arabie saoudite qui opèrent au Canada. Si le Dr. Couillard devait être informé de données confidentielles en ces matières, où irait sa loyauté?

On n’a pas à faire la preuve que le Dr. Couillard ait utilisé sa position à mauvais escient pour juger sa participation au comité de surveillance du SCRS inappropriée. On n’a qu’à faire la preuve qu’il puisse se retrouver dans une situation de conflit de loyauté. L’importance des enjeux l’exige.

Le financement et la promotion de l’islam radical

Dans une entrevue récente (vidéo) accordée à la CBC, le premier ministre Stephen Harper a rappelé que l’islam radical (il utilisa le néologisme Islamicism en anglais) représente la principale menace à la sécurité du Canada à l’heure actuelle.

L’Arabie saoudite est l’un des principaux financiers de cette menace à travers le monde. Comme le rappelait l’expert en sécurité intérieure, Steven Emerson, dans un témoignage qu’il présenta devant un comité du Sénat américain en 2005, la menace de l’islam radical ne se limite pas au financement d’organisations terroristes comme le Hamas. Elle passe également par la promotion, notamment par l’Arabie saoudite, d’une idéologie de haine en Occident. Les terroristes islamistes ne se développent pas en vase clos. C’est l’endoctrinement de jeunes tout au long de leurs études, à la mosquée et ailleurs qui les transforment en terroristes.

Le rapport Ten Years On (C’était il y a dix ans) publié récemment par le Hudson Institute donna plusieurs exemples de passages haineux qu’on retrouve dans les manuels scolaires saoudiens exportés aux quatre coins du monde : les juifs y sont décrits comme des singes, les chrétiens comme des cochons. Un manuel de géographie de 8e année déclare que «les minorités musulmanes dans plusieurs pays du monde sont menacées de génocide et de christianisation». Ailleurs, on demande d’«énumérer les défauts des juifs», on présente la Grèce comme un territoire islamique «occupés», etc.

Le blogue de Joseph Facal : La haine pure

Point de Bascule : Un rapport confirme que l’Arabie saoudite continue d’exporter à travers le monde ses manuels scolaires hostiles aux non-musulmans

Dans le Coran Hilali-Khan imprimé en Arabie saoudite et distribué à travers le monde anglophone, on a pris la peine d’ajouter un commentaire au verset 2:190 pour préciser que l’expansion de l’islam passe par le jihad armé.

(Traduction PdeB) «Le jihad, le saint combat, pour la cause d’Allah avec des effectifs complets et de l’armement jouit d’un statut de la plus haute importance dans l’islam ; il en constitue l’un des piliers. C’est par le jihad que l’islam est établi, que la parole d’Allah est amenée à dominer (…) et que sa religion est propagée.»

The Noble Qur’an, Riyadh, Darussalam Publishers, 1985, p. 50

Voilà ce qu’on lit dans plusieurs mosquées du Canada. Le SCRS aura inévitablement un rôle à jouer quand il s’agira de stopper de jeunes endoctrinés qui voudront passer de la théorie à la pratique. Philippe Couillard ne devrait pas être en position de savoir ce que planifie le SCRS pour contrer leurs actions.

La compétition Canada-Arabie saoudite pour l’approvisionnement des États-Unis en pétrole


National Post – 20 octobre 2011 : (Traduction PdeB) «Il n’y a pas si longtemps, les Saoudiens minimisaient le rôle du Canada dans le secteur pétrolier en raison du grand écart qui existe entre les coûts de production dans les deux pays.»

«Ce faisant, les Saoudiens ont sous-estimé la détermination du Canada d’accroître sa part de marché aux États-Unis, essentiellement à leurs dépens. Cela entraîna une diminution de l’influence de l’Arabie saoudite aux États-Unis, un pays sur lequel elle compte militairement et politiquement.»

«De plus importante source d’approvisionnement des États-Unis en pétrole qu’elle était encore récemment, l’Arabie saoudite est tombée au quatrième rang, derrière le Canada, le Mexique et le Venezuela. Le Canada, seul pays à ne pas faire partie de l’OPEP parmi les cinq principaux producteurs mondiaux, fournit presque deux fois plus de barils aux États-Unis que ne le fait l’Arabie saoudite (environ 2 millions de barils par jour vs 1 million). Ce volume devrait augmenter encore davantage si le pipeline Keystone XL qui doit aller de l’Alberta jusqu’au sud des États-Unis est construit.»

En novembre 2008, lors d’une réunion de l’OPEP, le ministre du Pétrole saoudien ne s’est pas gêné pour faire valoir aux investisseurs internationaux que le pétrole saoudien représentait un meilleur investissement que le canadien en raison de son coût inférieur de production.

Arab News : Oil Scene: A Drab Debate Becomes Interesting (Secteur pétrolier : un débat ennuyeux s’anime)

Quand, en 2011, l’organisation canadienne, Ethical Oil, voulut présenter l’autre côté de la médaille aux investisseurs, l’Arabie saoudite mobilisa ses avocats pour faire cesser le débat. C’est qu’Ethical Oil venait de diffuser une pub de 30 secondes qui rappelait qu’en Arabie saoudite, les femmes y sont sans droits et que ceux qui travaillent dans le secteur pétrolier sont des étrangers au statut précaire.

L’Arabie saoudite menaça de poursuites judiciaires les réseaux de TV canadiens qui reprendraient la pub sur leurs ondes. CTV capitula et retira la pub de sa programmation.

Point de Bascule : Jihad juridique: l’Arabie saoudite menace de poursuivre les réseaux de TV canadiens qui diffusent une pub critiquant le sort des femmes saoudiennes

C’est une pratique courante de l’Arabie saoudite que de tenter de réduire au silence ses critiques.

Si, dans le futur, le SCRS devait enquêter sur des allégations de corruption impliquant l’Arabie saoudite et des politiciens canadiens affectés au dossier pétrolier, croyez-vous que le Dr. Couillard devrait en être informé ? Nous, non plus.

Londres – 2008 : Les dirigeants saoudiens menacent de faciliter des attentats terroristes si on ne fait pas cesser des enquêtes à leur sujet

The Guardian (15 février 2008) : «Selon des documents qui ont été dévoilés en cour hier, il appert que les dirigeants de l’Arabie saoudite ont menacé de faciliter des attaques terroristes contre Londres si les autorités britanniques ne mettaient pas fin à des enquêtes sur des ventes d’armes les impliquant.»

«Des documents qui étaient secrets jusqu’à ce que leur contenu ne soit dévoilé en cour mentionnent que les enquêteurs dans une affaire de ventes d’armes se sont fait dire que la Grande-Bretagne pourrait être victime d’un attentat comparable à celui du 7 juillet 2005 et qu’il y aurait "des pertes de vies britanniques dans les rues britanniques" s’ils persistaient à poursuivre leur enquête.»

«Le prince Bandar, chef du Conseil saoudien de la sécurité nationale, a été identifié en cour comme celui qui avait menacé de ne pas dévoiler les informations qu’il détenait au sujet de militants prêts à mener des attentats-suicide.»

Si une situation semblable devait survenir au Canada, le SCRS serait appelé à intervenir. Il est inconcevable qu’un conseiller de l’Arabie saoudite comme le Dr. Couillard puisse être informé de ce que préparerait le SCRS dans de telles circonstances.



La mise en garde du directeur du SCRS, Richard Fadden

Dans une entrevue qu’il accordait à la CBC le 23 juin 2010, le directeur du SCRS, Richard Fadden s'inquiéta de l'attachement que des politiciens et des fonctionnaires avaient développé envers des puissances étrangères.

(Traduction PdeB) «Éventuellement, ces individus se trouvent dans une position où ils peuvent prendre des décisions qui affecteront le pays, leur province ou leur ville. Au lieu de prendre des décisions favorables au bien public, ils les prennent pour satisfaire les besoins d’un autre pays.»

Fadden ajouta que souvent les politiciens et les fonctionnaires impliqués ne réalisent pas qu’ils se font manipuler.

Le 23 juin 2010, Richard Fadden mentionna à la CBC son intention d’informer le Bureau du Conseil Privé qui conseille le premier ministre canadien de situations préoccupantes impliquant des politiciens et des fonctionnaires en relation avec des puissances étrangères.

Deux jours plus tôt, le 21 juin 2010, le Dr. Philippe Couillard avait été assermenté comme membre du même Conseil Privé.

Les activités professionnelles du Dr. Philippe Couillard

Le Dr. Couillard est impliqué dans les organisations suivantes :

Comité canadien de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS)

Organisme de surveillance du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) qui rend des comptes au Parlement canadien

Rôle du Dr. Couillard : Membre (nommé le 24 juin 2010)

Bureau du Conseil privé de la Reine pour le Canada

Organisme qui sert à conseiller le premier ministre du Canada et son cabinet

Rôle du Dr. Couillard : Membre (assermenté le 21 juin 2010)

Ministère de la Santé de l’Arabie saoudite

Rôle du Dr. Couillard : Conseiller

Université McGill (Facultés de médecine et de droit)

Rôle du Dr. Couillard : Chercheur principal en Droit de la Santé (depuis le 1er janvier 2009).

SECOR

Le plus important cabinet-conseil indépendant en stratégie et organisation au Canada

Rôle du Dr. Couillard : Conseiller des clients de l’entreprise qui œuvre dans le secteur de la Santé et des sciences de la vie (depuis le 15 janvier 2011)

Persistence Capital Partners

Fonds d’investissement en santé

Rôle du Dr. Couillard : Partenaire (depuis octobre 2008)

Amorfix Life Sciences

Entreprise pharmaceutique

Rôle du Dr. Couillard : Membre du conseil d’administration (depuis le 1er octobre 2009)

Thallion Pharmaceuticals

Entreprise pharmaceutique

Rôle du Dr. Couillard : Membre du conseil d’administration

Canadian Royalties

Entreprise minière

Rôle du Dr. Couillard : Membre du conseil d’administration (depuis le 11 juin 2009)

Au moment de la nomination du Dr. Couillard chez Canadian Royalties, le député Amir Khadir l’accusa de vouloir utiliser les contacts privilégiés qu’il avait développés avec les membres du cabinet Charest pour exercer un trafic d’influence. Le président de Canadian Royalties, Glenn Mullan, expliqua à l’époque que le rôle de Couillard ne consisterait pas à faire du démarchage auprès du gouvernement québécois mais plutôt à rechercher du financement pour son entreprise. M. Mullan décrivit le Dr. Couillard comme «quelqu'un de très bon pour ses contacts financiers» en rappelant les années qu’il avait passé en Arabie saoudite. (Le Soleil – 18 juin 2009)

Références supplémentaires

Franchement Martineau : Éric Duhaime commente le double-emploi de Philippe Couillard (vidéo 04:00)

Martine Turenne (L'actualitén° Vol: 28 No: 16 15 octobre 2003): Philippe Couillard - Quitte ou double

Point de Bascule : Des élites canadiennes et le « chant des sirènes étrangères »

Journal de Québec : Mourani se défend d'être sous influence étrangère tout en admettant être à l'écoute d'ambassadeurs étrangers...

CBC : Teacher witnessed transformation of some bomb-plot suspects (Un enseignant assiste à la transformation de plusieurs suspects en islamikazes)

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