« Je crois que nous sommes à l’aube d’un mouvement naissant : un islam beaucoup plus inclusif en Amérique ». C’est par ces mots que débute son intervention Daayiee Abdullah, le seul imam ouvertement homosexuel de tout l’hémisphère occidental, rapporte The Washington Post.
Le public est composé de militants des droits des homosexuels venus assister à la projection du documentaire « I Am Gay and Muslim » (« Je suis homosexuel et musulman ») mais n’en croit pourtant pas ses oreilles quand le religieux se déclare « disponible » pour « célébrer des unions entre couples de même sexe ».
En France, la première mosquée « inclusive » ouverte aux homosexuels et lesbiennes a fait son inauguration officielle dans le plus grand secret en novembre dernier, en banlieue parisienne, sous l’impulsion de Ludovic-Mohamed Zahed, lui-même musulman et homosexuel et auteur de Le Coran et la chair, dans lequel il décrit son parcours personnel. Outre-Atlantique, l’imam de la mosquée « Lumière de la Réforme », célèbre déjà des unions entre personnes de même sexe au sein même du lieu de culte, à Washington D.C., la capitale, où de telles unions sont légales depuis l’année dernière.
Un « Harvey Milk musulman »
L’imam, un Afro-Américain converti, conseille les couples qui veulent convoler en justes noces, et leur demande surtout de faire profil bas avant et même après la cérémonie. Un des fidèles de la mosquée, marié à un Américain de 40 ans de confession quaker, confie ainsi avoir dû demander à leurs invités de se montrer discrets sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, par peur des représailles contre leurs familles dans leur pays d’origine. Pour de nombreux musulmans, l’homosexualité reste un tabou, et les homosexuels élevés dans des familles musulmanes préfèrent souvent ne pas révéler leur sexualité.
« C’est un peu le Harvey Milk des leaders musulmans homosexuels d’Amérique, explique Abdelilah Bouasria, professeur de sociologie arabo-musulmane, qui dresse un parallèle entre l’imam Abdullah et le célèbre homme politique, premier conseiller municipal ouvertement gay de San Francisco, assassiné avec le maire en 1978. Pour Abdelilah Bouasria, dont le cours s’intitule « le Moyen-Orient interdit », « il est important que les Américains sachent qu’il existe de nombreux musulmans progressistes ».
Évidemment, Daayiee Abdullah doit subir en contrepartie les foudres d’une armée de détracteurs, depuis ses collègues imams qui refusent de le saluer dans la rue aux commentaires acides sur Internet, où il est qualifié de « taré » et de « pervers », dont les idées sont « clairement prohibées par l’islam ».
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