samedi 25 janvier 2014

Le Conseil du statut de la femme se range dans le camp pro-charte

L’organisme émettra cependant des réserves sur l’interdiction de porter des signes religieux ostentatoires


Julie Miville-Dechêne avait au départ émis des réserves au sujet du projet péquiste de charte de la laïcité.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir Julie Miville-Dechêne
avait au départ émis des réserves au sujet du
projet péquiste de charte de la laïcité.



Québec — Le projet de charte de la laïcité du gouvernement péquiste obtiendra un appui de taille. La présidente du Conseil du statut de la femme, Julie Miville-Dechêne, fera connaître un « appui solide » au projet de loi 60 à l’occasion de son passage à l’Assemblée nationale du Québec, a appris Le Devoir.
  Au terme d’« échanges francs », les membres du Conseil ont fait le choix d’avaliser en grande partie les mesures détaillées dans le projet de législation du ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville.
  Cependant, l’organisme chargé de conseiller le gouvernement du Québec sur tout sujet lié à l’égalité des droits de la femme émettra un certain nombre de réserves sur l’interdiction mur à mur des signes religieux ostentatoires pour les employés de l’État préconisée par le gouvernement péquiste.
  Ralliant toutes ses membres — y compris celles désignées en septembre par le gouvernement péquiste — l’avis fait l’unanimité dans les rangs du Conseil du statut de la femme, a indiqué Mme Miville-Dechêne dans un bref entretien avec Le Devoir vendredi.
  L’adoption d’une position faisant l’objet d’un consensus paraissait hors de portée il y a à peine quatre mois.
  Changement de position
  En septembre, la désignation, par la ministre responsable de la Condition féminine, Agnès Maltais, de quatre nouvelles membres à première vue pro-charte avait été accueillie avec une grande méfiance par la numéro un du Conseil du statut de la femme. Mme Miville-Dechêne y voyait une tentative d’ingérence du gouvernement péquiste dans la réflexion de l’organisme plongé, lui aussi, dans le débat suscité par le projet de bannir le port des signes religieux pour les employés de l’État.
  L’ancienne journaliste appelait à mieux circonscrire les impacts d’une éventuelle interdiction du port de signes religieux ostentatoires afin de déterminer si le « remède » proposé par le gouvernement péquiste était « à la mesure » de la menace réelle de l’intégrisme religieux dans la société québécoise. « Une institution qui se fait dicter ce qu’elle doit penser, malheureusement, ce n’est pas une grande aide au débat de société », avait-elle lancé dans une entrevue avec Le Devoir.
  Vendredi, Mme Miville-Dechêne a refusé de dire si, quatre mois plus tard, ses craintes étaient fondées. « Le passé, c’est du passé », s’est-elle contentée de dire en marge du congrès annuel de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ).
  Le Conseil a été le théâtre de « discussions fermes » lors des deux réunions, en septembre et en novembre, a-t-elle dit. « Ce sont des questions importantes », a expliqué Mme Miville-Dechêne.
  «Échanges d’idées fructueux»
  Les membres du Conseil du statut de la femme consultées sont catégoriques : le climat de travail s’est rapidement réchauffé dans la foulée de l’arrivée de Leila Lesbet, Julie Latour, Lucie Martineau et Ann Longchamps.
  La première réunion a été l’occasion d’« aplanir des choses », a affirmé l’une des « nouvelles membres », Leila Lesbet, dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. « Les échanges ont été très francs et très fructueux. »
  Au fil des derniers mois, les membres du Conseil du statut de la femme ont abattu un « travail colossal » dans un « esprit de collégialité »,a indiqué à son tour Julie Latour. « Au terme d’échanges francs, mais fructueux, la position du Conseil du statut de la femme a été adoptée de façon unanime et enthousiaste », a précisé l’ex-bâtonnière du Barreau de Montréal.
  Mme Lesbet et Mme Latour se sont toutefois refusées à tout commentaire sur le contenu du mémoire du Conseil du statut de la femme puisque celui-ci n’a pas encore été passé au peigne fin par la commission parlementaire responsable d’étudier la charte de la laïcité. D’ailleurs, la date de l’audition de Mme Miville-Dechêne à l’Assemblée nationale n’a toujours pas été fixée.
  Chose certaine, l’avis contribuera à faire « avancer » le Québec « dans le sens des droits des femmes », a soutenu Mme Lesbet, avant de saluer la « franchise » et la « sincérité » de toutes ses collègues. « [Le document] est intéressant à lire. Nous nous sommes entendues sur des choses auxquelles il ne faudra pas déroger », a-t-elle ajouté.
  Par ailleurs, Leila Lesbet et Julie Latour dévoileront chacune un second mémoire dans le cadre des consultations sur le projet de loi 60, Mme Lesbet avec le groupe Être ensemble et Mme Latour avec les Juristes pour la laïcité et la neutralité religieuse de l’État.
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