mardi 25 février 2014

L’excision, une coutume barbare, toujours d’actualité


Publié le 19 janvier 2009 par Marie-José Letailleur - Article du nº 072

Excision et infibulation touchent environ 140 millions de femmes dans le monde. Les pays comme le Mali et la Gambie sont les plus pratiquants de cette mutilation féminine.

Toutefois cette tradition n’est pas réservée au continent africain, elle concerne environ 6000 fillettes allant des Etats Arabes à l’Inde.

En France, on dénombre environ 50 000 femmes excisées.
L’excision n’est pas une affaire de religion mais une coutume culturelle.

Qu’est ce que l’excision ? L’excision consiste à enlever partiellement ou totalement le clitoris et les lèvres.

La forme de mutation génitale la plus extrême est nommée « circoncision pharaonique ». C’est l’ablation totale du clitoris, des petites et des grandes lèvres, l’entrée du vagin est cousue. Ceci est l’infibulation. Il ne reste qu’une petite ouverture servant aux écoulements menstruels.
L’excision est pratiquée par des femmes âgées sur des fillettes, de 4 à 12 ans. Les exciseuses utilisent des instruments tranchants tels que des couteaux, des lames de rasoir, des morceaux de verre…

Pour favoriser la cicatrisation, elles appliquent ensuite des compositions à base d’herbes, de terre, de cendre, de bouse de vache…

Quelles sont les conséquences de cette mutilation ? Vue l’hygiène précaire dans laquelle sont pratiquées ces mutilations, il s’en suit pour beaucoup de ces fillettes des complications infectieuses (infections génitales, urinaires ou gynécologiques). Certaines complications engendrent un handicap permanent.

Des hémorragies ou des septicémies entrainant la mort peuvent survenir. Je ne parle pas du traumatisme psychologique et douloureux qui reste à jamais. Quels sont les arguments employés pour justifier ces mutilations ?

Virginité et chasteté sont les moteurs puissants de cette tradition .Les femmes qui ne la respectent pas sont considérées comme impures, comme étant incapables de maitriser leurs pulsions, de posséder un sexe plus grand que celui de leur mari en bref de ne pas devenir une femme.

Pour les femmes, l’excision est un moyen d’éduquer leurs filles afin qu’elles restent sages et se marient. En Afrique, le mariage est la seule possibilité d’accéder à une reconnaissance sociale en devenant femme et mère.

Pour les hommes, les arguments les plus utilisés sont :

« L’honneur de la famille » l’excision permet de garder la virginité jusqu’au mariage et le contrôle du désir sexuel.

« L’honneur du mari » : l’excision réduirait le désir sexuel et les femmes ne seraient pas tentées d’avoir des relations adultérines.

Quant à la justification religieuse, on sait que l’excision est antérieure au monothéisme.

En Afrique, l’excision et l’infibulation sont pratiquées par des animistes, des catholiques, des coptes, des juifs, des musulmans, des protestants ; aucune morale religieuse ne s’élève contre cette coutume mutilante pour la femme.

Cependant il faut noter que l’islam n’interdit pas cette pratique (qui ne dit mot, consent) et actuellement, les islamistes comptent parmi ses plus ardents défenseurs.

En Egypte, en 1994 le ministère de la Santé autorisait la pratique de l’excision dans les hôpitaux ; l’excision devenait un acte médical pratiqué sous anesthésie par des médecins…

Face aux critiques internationales cette décision a été annulée début 1997.Cependant, les boutiques, connues de tous, où se pratique toujours l’excision existent toujours.

Actuellement, selon l’UNICEF, 13 pays africains disposent de lois condamnant ces violences faites aux femmes.

La France passe pour un pays précurseur dans la lutte contre l’excision. Dès les années 1970, grâce aux médecins des PMI (Protection Maternelle et Infantile) qui ont dénoncé ces mutilations, la prise de conscience est importante .La justice française réprime ces pratiques davantage que les autres pays européens. La première décision judicaire a été prise en 1979 et une quarantaine de procès ont eu lieu depuis.

La France reconnait dans les mutilations sexuelles un crime et les parents encourent jusqu’ à vingt ans de prison.

Cependant Me Linda Weil-Curiel, qui préside la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles précise qu’en général le procès se solde par « de la prison avec sursis » et peu de peines de prisons fermes ont été prononcées.

Le lundi 12 janvier 2009, un couple d’origine guinéenne a été mis en examen dans la Nièvre pour avoir tenté d’exciser leur fille de 7 ans. La fillette a été hospitalisée à l’hôpital de Nevers en raison d’une hémorragie vaginale .Elle est aujourd’hui à l’hôpital de Dijon car son état s’est aggravé.

Mis en examen du chef d’actes de torture et de barbarie, les parents ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils risquent la cour d’assises et 20 ans de prison. Le couple a deux autres filles plus âgées qui ont été elles aussi excisées.

Que pouvons –nous faire pour aider ces femmes victimes ?

L’excision est une réalité subie par des millions de femmes, peu de personnes en parlent.

Tout d’abord, il est de notre devoir de dénoncer ce genre de pratiques barbares.

Nous, les femmes, devons sans cesse rappeler notre droit à disposer librement de notre corps, notre droit d’exister en tant que femme. Toutes nos voix unies finiront pas se faire entendre.

La justice possède la possibilité de sanctionner les parents, mais les peines de prisons même si elles sont fermes ne changeront pas les mentalités

La seule issue à ce fléau reste l’explication et passe par l’éducation .Déjà des organisations non gouvernementales font ce travail en Afrique.

En France les associations à caractère familial et social doivent aussi se mobiliser pour éviter que cette tradition ne se perpétue.

Marie-José LETAILLEUR

Présidente de l’Ufal de Champs

http://ripostelaique.com/L-excision-une-coutume-barbare.html

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