dimanche 14 septembre 2014

L’État islamique et l’islam dans tous ses états

Ce n’est pas en répétant qu’il s’agit d’une religion de paix qu’on la conciliera avec la modernité et les droits de la personne
samedi 13 septembre
À la suite de la prise de Mossoul par les combattants armés de Daesh (l’État islamique), et particulièrement après la décapitation, devant le monde entier, de deux journalistes américains, quelques voix musulmanes se sont indignées : « Ce n’est pas la vraie version de l’islam ! » Ou : « Ce n’est pas l’islam authentique. »
Après les attentats d’al-Qaïda aux États-Unis et en Europe, nous avons déjà entendu les propos semblables, lesquels insistaient sur la nature pacifique de l’islam.
Pourtant, un grand malaise s’installe au sein des musulmans, dans les pays musulmans et aussi parmi les musulmans d’Occident. Dans les pays musulmans, les groupes islamistes représentés par les Frères musulmans et les mouvements dérivés critiquent Daesh sans avouer que ce dernier ne fait qu’appliquer, à sa façon, leur théorie de l’État islamique à construire. Nous avons du mal à croire à la sincérité de l’Arabie saoudite lorsque le grand mufti de la Mecque, Abdul Aziz al-Asheikh, déclare dans la foulée que « l’extrémisme et l’idéologie de groupes tels que l’État islamique sont contraires à l’islam, sont le plus grand ennemi de l’islam et les musulmans en sont les premières victimes », pendant qu’un tribunal saoudien vient de condamner un jeune libéral, Raef Badawi, à 10 ans d’emprisonnement, à 1000 coups de fouet et à une amende équivalant à 300 000 $CAN pour avoir défendu la liberté religieuse. En plus, le grand mufti ne dit pas en quoi l’idéologie des groupes djihadistes diffère de celle du pouvoir saoudien.
À l’époque déjà, le pouvoir des talibans et d’autres pouvoirs islamistes n’ont pas provoqué beaucoup d’indignation chez les musulmans, malgré les exécutions des penseurs ou la lapidation des femmes adultères, ou lorsque ces pouvoirs imposaient le port du voile à toutes les femmes de leurs pays. Même le penseur islamiste très « modéré » Tarik Ramadan n’a pas trouvé mieux que proposer un moratoire sur la lapidation des femmes adultère !
Pourtant, beaucoup de musulmans, partout, y compris dans les villes occidentales, ont manifesté pour condamner à mort l’auteur des versets sataniques et les dessinateurs des caricatures du prophète.
On ne peut expliquer le malaise provoqué par le succès de Daesh et la participation des milliers de jeunes occidentaux au djihad à son côté, qu’en avouant que la doctrine intégriste wahhabite (la doctrine officielle de l’Arabie saoudite) domine l’islam d’aujourd’hui.
Comment reprocher à Daesh les exécutions de ceux qui refusent de se convertir à l’islam ou de payer la djizîa (un impôt spécial exigé des non-musulmans), sans remettre en question l’application de la charia ? Comment reprocher à Daesh l’exécution des mécréants, la lapidation de la femme adultère, les coups de fouet pour ceux qui boivent de l’alcool, tout en étant pour l’application de la charia ? Qui, parmi les musulmans croyants et les islamistes qui s’opposent à Daesh, peut prouver que les actions de Daesh ne sont pas conformes à la charia ? Eux, dans le meilleur des cas, préfèrent l’appliquer d’une façon plus « soft » ou sélective.
Or, ce n’est pas en répétant que l’islam est une religion de paix, même en s’appuyant sur des versets coraniques, que l’on concilie l’islam avec la modernité et le respect des droits de la personne. Les musulmans qui veulent vivre un islam pacifique et moderne (et non pas « modéré ») doivent rompre définitivement avec la pensée islamique dominante et se débarrasser d’un héritage lourd qui les plonge dans la violence et les guerres civiles.
Or, les conditions minimales d’un islam moderne sont les suivantes :
Il suffit de croire en Dieu et son prophète pour être musulman ;
Détruire tout lien entre politique et religion ;
Désacraliser le texte coranique ;
Déclarer que les versets violents sont inopérants ;
Déclarer les lois de la charia caduques.
http://www.vigile.net/L-Etat-islamique-et-l-islam-dans 

Elle a choisi d’être une musulmane égoïste plutôt qu’une bonne infirmière

Robert Barberis-Gervais
Tribune libre de Vigile
samedi 13 septembre

Un chroniqueur bien connu a raconté l’histoire suivante. Un monsieur de 74 ans est dans son appartement de l’avenue du Mont-Royal, un bras dans le plâtre jusqu’à l’aisselle et un gros abcès dans le dos. Il attend l’infirmière du CLSC du Plateau-Mont-Royal qui doit venir changer son pansement. Elle arrive et elle porte le hidjab. Le monsieur lui fait savoir aussitôt qu’il est contre le port du voile, il ajoute qu’il a travaillé en Tunisie du temps de Bourguiba. En Tunisie du temps de Bourguiba, les femmes n’étaient pas voilées : le voile était même interdit ce qui n’empêchait pas les femmes d’être de bonnes musulmanes. Alors pourquoi le portez-vous ?
L’infirmière, s’en retourne aussitôt au CLSC sans donner les soins pour lesquels elle s’est déplacée. Elle justifiera son départ en disant qu’elle se sentait menacée.
Le monsieur devra attendre la fin de l’après-midi avant qu’une autre infirmière vienne changer son pansement.
La commissaire aux plaintes du CSSS déplorera que le patient ait dû attendre toute la journée la visite d’une seconde infirmière mais excusera le départ précipité de la première. Elle était en droit de le faire si elle se sentait menacée. Opinion reprise, début août, par le Protecteur du citoyen.
A mon avis, la Commissaire aux plaintes et le Protecteur du citoyen ont manqué de jugement. Le citoyen qui est ici à protéger, c’est le malade qui a besoin de soins. Ce n’est pas l’employée du CLSC qui est dans l’obligation de rendre un service.
Cette infirmière aurait dû faire passer son devoir d’infirmière avant ses susceptibilités de musulmane qui a eu une réaction de vierge offensée devant l’opinion d’un patient qui était contre le port d’un signe ostentatoire pour une employée de l’Etat pendant ses heures de travail. Et qui était donc pour la Charte des valeurs du gouvernement Marois.
J’irais même plus loin. Il est évident qu’elle a volontairement inventé une menace qui n’existait pas. j’en conclus que son inquiétude imaginaire était un geste politique. Son message est le suivant : vous n’avez pas le droit d’approuver l’interdiction de porter des signes ostentatoires pour les infirmières, les enseignants, les fonctionnaires etc comme le propose la Charte à Drainville. Si vous vous opposez à ce que je porte le voile pendant mes heures de travail, vous n’aurez pas le service auquel vous avez droit et en plus vous serez blâmé par le Protecteur du citoyen et la commissaire aux plaintes. Ces hautes autorités n’ont manifestement pas vu ou voulu voir la dimension politique de son geste égoïste et non fraternel.
L’islam authentique fait passer le service à autrui avant les réactions de prima donna. Tu aimeras ton prochain comme toi-même, n’est-ce pas un principe universel que l’on retrouve dans les grandes religions du Livre ? En vertu de cette règle d’action, l’infirmière voilée n’aurait pas dû se sauver d’une menace qui n’existait pas. Ce qui doit être premier, c’est le service à rendre. Tout ce qui s’y oppose, tout ce qui le compromet, est à blâmer.
Si la religion ne rend pas plus fraternel et plus humain, à quoi sert-elle, je vous le demande ?
 http://www.vigile.net/Elle-a-choisi-d-etre-une-musulmane